Ran

RanDans le Japon du XVIe siècle, déchiré par les luttes de clan et les guerres civiles, un vieil homme partage ses biens entre ses trois fils : Tari, Jiro et Saburo. Mais ce dernier se fâche avec son père et rejoint le clan ennemi… Conflits et ran (chaos en japonais) pour cette gigantesque et magnifique fresque historico-dramaturgique signée par le maître Kurosawa. Le géant du cinéma s’est inspiré de Shakespeare et du «Roi Lear» : les filles du Roi Lear sont devenues les fils d’Hidetora Tchimonji, mais le fil de la tragédie reste intact : luttes de pouvoir, haines, vengeances, solitudes, douleurs, trahisons… Si le récit lui-même passe à travers des séquences fixes, quasi-théâtrales et qui rappellent le Kabuki, le tout (le film dure 2 h 45) est génialement encadré de scènes grandioses, d’épopées guerrières où chaque décor, chaque costume, chaque paysage, chaque détail semble être soutenu par un rythme magique et touche à la perfection au niveau de l’esthétique. «Ran» est un monument, un film rare, un chef-d’œuvre, Kurosawa est le plus grand.

Gardien de la nuit

Gardien de la nuitSorti à la sauvette l’année dernière, le premier film de Jean-Pierre Limosin méritait mieux, malgré la relative minceur de son intrigue. Son héros, Yves (incarné par Jean-Philippe Ecoffey, un de nos jeunes espoirs), mène une double vie dans la petite ville qu’il habite. La nuit, il est gardien de l’ordre : il travaille dans une sorte de mi-, lice municipale. Le jour, au con traire, il défie la loi : il s’amuse à «emprunter» de belles voitures, à braquer des bureaux de poste, comme ça, pour le plaisir. Actes gratuits qui prouvent surtout qu’Yves a besoin de se prouver quelque chose à lui-même.., et peut-être à la jolie Aurore, qu’il aime depuis l’enfance. Pourtant, il ne lui souffle mot de ses activités répréhensibles, et il enrage secrètement de la voir, à la piscine, entourée d’une nuée de minets locaux. Il arrivera un moment, bien sûr, où Yves ne pourra plus assumer toutes ces vies à la fois : c’est l’objet d’une dernière partie un peu trop attendue. Reste une évidente sincérité du réalisateur, une conviction des interprètes : un Ecoffey qui sait être touchant, et surtout Aurelle Doazan, qu’on espère revoir le plus souvent possible !

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