«Agnès de Dieu» est d’abord une pièce de théâtre… qui a, sans doute, fait un malheur à Broadway. Une jeune religieuse se retrouve enceinte et met au monde un enfant qu’elle tue aussitôt. Le procès commence… Deux femmes s’opposent : la psychiatre et la mère supérieure. Le problème est ardu car Agnès, possédée par une foi mystique et naïve, raconte la visite d’un ange et dit la vérité (hypnose et détecteur de mensonges…) Le père de cet enfant assassiné est-il le Saint-Esprit ou un odieux suborneur qui a profité (avec ou sans sa complicité) de la jeune religieuse ? La logique et la foi s’opposent. La pièce, réduite aux trois rôles principaux (Fonda la psychiatre, Bancroft la mère supérieure et Meg Tilly la jeune Agnès) était très bavarde. Norman Jewison (qui venait juste d’achever une autre adaptation théâtrale au cinéma «Soldier’s story») a évité les pièges et bien aéré son intrigue. Mais le film reste, malgré tout, fort bavard… Surtout si ce débat sur la religion (sa nécessité ou sa nuisance) qui est au cœur du film ne passionne pas personnellement. Mis en scène avec beaucoup d’habileté, «Agnès de Dieu» est — littéralement — sauvé par trois comédiennes hors pair. Trois «monstres» roublards, hyper douées, fragiles, intuitives, truqueuses, charmeuses, fascinantes et exaspérantes. Fonda, Bancroft et Tilly ! Pour elles, on peut se mettre à genoux !
La chambre des horreurs
Une petite pièce de musée… de musée des horreurs, puisque le film reprend le thème — classique dans le cinéma d’épouvante — de l’exposition de figures de cire représentant les grands criminels du monde et servant de refuge à un… encore plus grand «tueur fou» ! Un certain Jason étrangle sa fiancée, force un prêtre à le marieras cadavre et disparaît dans la nuit. La police piétine et fait appel à un sculpteur sur cire. Un portrait-robot avant l’heure, en somme ! Lors d’une embuscade avec les forces de l’ordre, Jason perd une main et en profite pour la remplacer par toute une série de crochets plus meurtriers et coupants les uns que les autres. Miam, miam ! Non, ne craignez rien … ce film date de 1966, période de la fin de l’âge d’or de ce fantastique gothique où rien de sanglant n’était montré, mais tout était suggéré. Au moment de la sortie du film, l’image se colorait même en rouge et une sonnette retentissait, pour éviter aux spectateurs trop sensibles de voir des atrocités… que le réalisateur avait bien pris garde de ne pas montrer ! «La chambre des horreurs», tout en restant une série B, exhale le séduisant délire gothique des fantasmes anglo-saxons engendrés par un puritanisme très début du XXe siècle.