Festival de Deauville

Pretty womanÀ Deauville, Julia Roberts a fait l’unanimité. Héroïne de «Pretty woman», qui sort en salles le 24 novembre, et de «Flatliners» que l’on verra à partir du 9 janvier 1991, on parle déjà d’elle pour les Oscars… En attendant de la voir sur grand écran, on peut la retrouver en vidéo dans «Potins de femmes», chez GCR. Une star est née. Portrait, interview et coup de foudre, par Christophe Séfrin.
Julia RobertsElle n’est pas belle. Elle est superbe. Avec en plus l’intelligence et l’humour qui la différencient de bien d’autres actrices de sa génération. Et, le talent. Quel talent! Vingt-deux ans, auréolée de beauté, les cheveux tantôt longs et bouclés, tantôt courts et épais, un immense sourire qu’elle affiche en permanence, et des jambes (« 2,20 mètres de thérapie», comme elle le déclare à Richard Gere dans « Pretty woman ») qui n’en finissent pas : telle est Julia Roberts. Autant dire qu’il est impossible de lui résister. Le coup de foudre est immédiat! C’est dans « Blood red» qu’elle fait ses débuts aux côtés de son frère Eric («Le pape de Greenwich Village», «Star 80»). Suivent «Satisfaction», « Baja Oklahoma » et « Mystic pizza », d’Amy Jones. Il y a deux ans, «Potins de femmes» (« Steel magnolias »), d’Herbert Ross, donne le ton de sa carrière et lui vaut une nomination pour le meilleur second rôle féminin aux derniers Oscars. Un rôle déterminant s’il en est. Julia y incarne Shelby, une jeune femme diabétique au destin tragique dont le seul espoir est, malgré l’avis de son entourage, de mettre au monde un enfant. Très belle performance d’actrice. Le film nous montre Julia légère et drôle, sérieuse et grave, mais toujours belle et sensuelle. Elle joue sur tous les tableaux. On ne regrette qu’une seule chose : qu’au titre original, qui prend toute sa dimension à la fin de l’œuvre, ait été substitué un titre français qui n’en suggère qu’un aspect. Dans « Pretty woman », l’un des plus gros cartons de l’été aux États-Unis, Julia Roberts explose littéralement. Elle est Vivian, une prostituée de troisième zone, gauche et étourdie, qui tapine sur Hollywood Boulevard. Un soir, alors que les clients se font rares, elle rencontre Edward Lewis (Richard Gere). Milliardaire se «dopant à la vie», perdu dans un Los Angeles dont il ignore les méandres, elle lui indique son chemin. Vivian voit tout d’abord en lui le pigeon idéal, la passe à 300 dollars la nuit, du «vite fait, bien fait», de l’argent propre. « C’est gentil de me la jouer romantique, mais un bon tuyau : je suis du tout cuit ! », lui déclare-t-elle d’entrée. Edward, sensible et généreux, découvre une Cendrillon (il affirmera plus tard l’avoir trouvée sur 3615 Petite Amie) et loue ses services pour une semaine. Le conte de fées peut commencer.

Julia Roberts«Pretty woman » n’a rien d’un chef-d’œuvre. C’est une comédie avec un grand C, à prendre telle qu’elle est, sans se poser de questions. On se laisse immédiatement emporter dans un tourbillon de scènes où l’émotion fait écho au rire, où la passion répond à la drôlerie. Durant tout le film, on reste accroché à un regard, à une larme, au quotidien extraordinaire de ce couple qui finit par nous bouleverser. Quoi que l’on pense et quoi que l’on dise de cette histoire d’amour impossible, on finit par y croire. Et par espérer un heureux dénouement. Julia Roberts vole véritablement la vedette à Richard Gere, qui signe pourtant une remarquable prestation. Elle est la fraîcheur incarnée, le naturel à l’état brut, la beauté dans tout ce qu’elle peut avoir de simple et tendre, l’innocence de l’enfance. En sortant de la salle après la projection, on n’a qu’une envie : tomber amoureux. De Vivien, si ce n’est déjà fait, ou de n’importe qui. Mais le talent de cette New-Yorkaise ne se limite pas à cette spontanéité et à ce charme qui nous la rendent tellement attachante. Dans « Flatliners», présenté à Deauville (le film ne sortira en France qu’en janvier 1991), elle est, sous la direction de Joel Schumacher («St Elmo’s fire»), une étudiante en médecine passionnée par la vie après la mort. Entourée de quatre condisciples du Centre hospitalier universitaire, elle va, ils vont, quelques instants durant, provoquer leur propre arrêt cardiaque et découvrir l’au-delà si tant est qu’il existe. Julia nous offre ici une autre facette de son talent. « Flatliners », à la différence de « Pretty woman », est loin d’être une comédie hilarante. C’est un film grave au thème difficile. Un sujet auquel Julia Roberts a pourtant superbement donné corps et… âme. Hantée par le souvenir confus d’un père décédé dans de mystérieuses circonstances, elle s’affiche comme une femme forte et sensible. Un rôle qui lui va comme un gant.

 

Est-ce à dire qu’elle est capable d’incarner n’importe quel personnage?

«Potins de femmes », « Pretty woman » et «Flatliners» nous prouvent qu’elle a déjà plus d’une corde à son arc. « Sleeping with the ennemy», dont elle vient d’achever le tournage sous la direction de Joseph Ruben, et «Dying young », que va réaliser Joel Schumacher, nous démontrerons, on l’espère, qu’elle a aussi plus d’un tour dans son sac.
Quel a été votre premier contact avec le scénario de « Pretty woman »? Lorsque l’on m’a proposé le film, il s’appelait «Three thousand ». C’était une histoire qui avait un côté très pessimiste, très noir, où les deux personnages principaux passaient effectivement une semaine ensemble, mais ne se touchaient pas et n’avaient pratiquement aucune influence l’un sur l’autre. Tout se terminait très mal. Peu après, Vestron a vendu le projet à Disney. Dès lors, je n’étais plus certaine d’avoir le rôle. Il a fallu de nombreuses auditions pour que mon nom soit définitivement retenu. Entre-temps, «Three thousand » était devenu «Pretty woman », une comédie.

 

En voyant le film, on remarque combien les deux personnages sont différents : Gere est toujours calme et posé alors que vous êtes tout feu tout flammes. Était-ce voulu ?

Absolument pas. Ce contraste a été spontané et nous a beaucoup aidés en créant un équilibre entre les deux personnages.

Que vous a apporté Richard Gere au niveau professionnel ?

Au milieu de la confusion régnant sur un plateau, Richard reste toujours calme. Il m’a communiqué sa sérénité. « Pretty woman » est, à a ce jour, le plus gros succès de l’année aux États-Unis.

 

À quoi accordez-vous cette réussite ?

Le film est très simple et facile à comprendre. C’est une sorte de conte de fées. On se sent bien lorsqu’on va le voir, on ne se pose pas de questions. Grâce à « Pretty woman », il est facile d’oublier, pendant la projection, ses problèmes, les conflits qui bouleversent le monde. Tous les hommes rêvent quelque part de ressembler à Richard Gere, et toutes les femmes d’avoir pour ami quelqu’un comme lui.
Et tous les hommes rêvent d’avoir pour compagne Julia Robert !

 

Que vous a appris le rôle de Vivian ?

Je ne suis pas certaine d’avoir vraiment appris quelque chose. Peut-être le fait que Vivian soit tellement honnête… Elle l’est entièrement, car elle ignore comment ne pas l’être. Elle possède la simplicité des enfants. Ce personnage a déteint sur ma personnalité, ça ne fait aucun doute…
Parlez nous de « Flatliners » et de vos motivations vis-à -vis du film ?

Lorsque j’ai reçu le script de «Flatliners», je sortais juste du tournage de « Pretty woman ». J’ai voulu en lire quelques pages un soir avant de me coucher, mais après avoir commencé, je n’ai pas pu m’arrêter! J’ai été immédiatement emballée par ce scénario. Lorsque j’ai rencontré Joel Schumacher, 20 minutes ont suffi pour que nous tombions d’accord. Son enthousiasme et sa générosité sont très communicatifs.

Flatliners
Par quel aspect du script avez- vous été plus particulièrement attiré ?

Ce qui m’a intéressée dans « Flatliners », c’est non seulement d’aborder le problème de la vie après la mort, mais aussi de traiter de la confrontation avec mon père que j’ai perdu il y a vingt ans et envers qui je me sens coupable. La surprise dans le film vient du fait que c’est lui qui finit par s’excuser et apporter le pardon. Au niveau des relations humaines, c’est une expérience très forte.

 

« Flatliners» a-t-il modifié vos sentiments par rapport au thème même du film, la vie après la mort ?

Très bizarrement, le film m’a fait réaliser combien l’expérience de notre vie peut être magnifique. On sait ce que l’on possède aujourd’hui, et que nos actes sont pardonnable. C’est là que le tournage fut enrichissant. On peut faire de notre existence ce qu’il y a de mieux. Le fait de savoir que la vie est formidable suffit à me contenter!On a parlé de vous pour «Pretty woman 2», mais aussi pour une nouvelle version du «Fantôme de l’Opéra ».À ma connaissance, il n’existe pas encore de scénario pour la suite de «Pretty woman». D’autre part, je ne fais pas partie du casting du « Fantôme de l’Opéra ». En revanche, je vais jouer dans « Dying young » que réalisera Joel Schumacher pour la Fox. C’est l’histoire d’une fille qui rencontre un jeune homme victime d’un cancer. Le film aborde les problèmes de ces deux êtres et parle de ce qu’ils vont s’apporter mutuellement. Traiter de la mort sans faire un hymne à la vie n’a pas de sens. Si, grâce à cette rencontre, ils apprennent tous les deux, il y a quelque chose de positif et de magnifique. C’est ce côté-là qui doit être développé.
Le succès a-t-il changé votre vie?
La seule chose qui ait vraiment changé, c’est que l’on m’offre aujourd’hui plus de scénarios à lire. J’ai désormais la possibilité de choisir mes rôles. C’est plus intéressant. J’ai été très honorée lorsque Joel m’a choisie pour «Flatliners», d’autant plus que Rachel était le seul personnage féminin de l’histoire. Personne alors ne me connaissait vraiment. Aujourd’hui, je ne suis plus nerveuse lorsque je ne tourne pas. Je sais que pour moi, le travail ne va tarder à reprendre. C’est rassurant!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *